Les vagues
Par Amer Kapetanovic
2018
Plongeant des cieux vers ces eaux profondes,
Passant sans relâche au berceau des océans,
Pourrions-nous sans augure saisir une onde ?
Rêves, errances, quêtes ; derrière nous le néant !
Vagues ; naissant si loin en ce lieu caché,
Frémissant les longs reflets menant au soleil,
Conte de l’horizon émergeant du sommeil,
Long souffle battant des fonds reculés.
Sur la côte et sa muraille de falaises,
Gardée par cette plage vague par vague inondée,
Le brouhaha bouillonnant, rien ne l’apaise ;
Le flot et l’écume avalent les rochers.
Amas de rocs, par les vents caressés,
A vos pieds, ces impossibles dédales ;
S’y engouffre l’eau par ses longues spirales
Se taisant sur ces lieux explorés.
Surplombant, au sommet de la muraille,
Cet oiseau au chant brillant étend ses ailes ;
Dans les airs il survolera où qu’il aille,
Ce bateau brisant les flots immortels.
Vogue vaisseau, ton mât fléchi par les vents,
Devant ton sillon d’écume éphémère,
En face, immensité, mirage, éther.
Sirène charmeuse, nous baignons dans ton chant.
Est-ce des fonds ou de l’horizon,
Là-bas, où le ciel marie la mer,
D’où surgissent ces sombres raisons ?
Des nuages s’amassent dans les airs.
Ciel fiévreux, tourmenté par ses obscures nuées,
L’éclair te fend, la foudre tonne, annihile !
Voici, le temps d’un battement de cil,
Des trombes d’eau dressées sur des flots enragés.
Ouragan aveugle, furie des entrailles des mers,
Des murs d’eau s’élèvent, s’abattent sans pitié.
Le souffle est un glaive, ô voiles déchirées,
Des lambeaux désespérés s’agitent dans les airs.
Coque fragile, par cette mâchoire d’écume broyée,
Miettes éparses, par ces tentacules balayées.
Dernière aurore, un jour tout s’éteint,
Matelot ainsi happé ; là-bas était ton destin.
Abîmes profondes, éternité béante,
Avalant le marin par les flots englouti.
Sombres ténèbres, abysses muettes,
Vous ne rendez jamais ce que vous avez pris.